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RésumésSession 1 — Projets scientifiques, recherches artistiques et pratiques de médiation
Pierluigi Basso Fossali, Justine Lascar et Julien Thiburce, UMR 5191 ICAR La condition carcérale, entre sens ”imagé” et sens ”incarné”. La production d’un discours sur les prisons au musée, comme dans le cadre de l’exposition internationale Prison, relève d’un véritable défi rhétorique. D’un côté, en interrogeant le sens de la peine, de la séparation physique et symbolique, il y a une motivation institutionnelle à mettre en partage une expérience de lieux d’enfermement dont la visée est, par définition, de mettre à l’écart des individus et des groupes du reste de la société. De l’autre côté, le parcours d’exposition tend à faire émerger de nouvelles représentations de l’enfermement chez les publics, en faisant se croiser des voix et des points de vue divers (documents administratifs, récits de détenus, créations artistiques, entre autres).
Marie-Thérèse Delage-Têtu, UMR 5283 Centre Max Weber Passés troubles et trouble-mémoires. Les lieux d'internement, comme la prison de Montluc à Lyon transformée en mémorial en 2009, sont très souvent des lieux à mémoires multiples qui font l'objet de choix de mémoire et d'oubli. Pour autant, ce sont des espaces particulièrement résonnants pour explorer les « nœuds de mémoire » (M. Rothberg, 2010) qui croisent ici mémoire nationale et mémoire coloniale. Ainsi, l'exposition numérique, moins rigide que le lieu topographique, permet une circulation des données, des connexions créatrices de nœuds et de frictions entre des fragments de mémoires jusqu'ici disjoints ou juxtaposés. Il apparaît alors que l'action de la matière numérique et l'approche écologique de la création d'une base de données audiovisuelles dérangent les récits linéaires, dépassent l'opposition entre l'authentique et l'artificiel, défont l'idée de groupes de mémoires stables et homogènes en créant un autre régime de traces, que celui du lieu topographique officiel. L'exposition numérique agit ainsi comme un trouble-mémoire qui peut évoluer aussi bien de par ses usages que par ses contenus. Voir la vidéo de présentation de la plateforme Patrimonum. Montluc Mémoires Multiples : https://vimeo.com/203418576
Table ronde Quelles images appropriées de l’incarcération ? Adrien Allier et Aurélie Dessert, Mémorial National de la prison de Montluc Sandra Sunier, Musée International de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Grégoire Korganow, Photographe Les échanges viseront à mettre en lumière les enjeux de la production de discours sur la prison à l'attention d'un public aussi large qu'hétérogène. Les "images" seront questionnées aussi bien en tant que documents visuels (par exemple des photos), qu'en tant que représentations sociales et culturelles des conditions de vie en prisons, des représentations intimes et personnelles ou bien collectives et rendues publiques. La discussion sera articulée autour de trois axes principaux. 1/ En abordant la question de la production documentaire, on décrira les contraintes pratiques, légales et symboliques qui agissent sur le fait de produire des photos en milieu pénitentiaire. Nous aurons notamment le plaisir d'entendre le photographe Grégoire Korganow qui, de janvier 2011 à janvier 2014, pour le Contrôleur général des lieux de privation de Liberté, a pénétré au cœur de l’enfermement en France, en cherchant à photographier l'intimité de l’enfermement, en couleur, de façon frontale, directe, sans effet. Nous pourrons parcourir son travail photographique en passant de la vie intérieure des établissements pénitentiaires (notamment avec le livre Prisons 67065 paru aux éditions Neus en 2015) vers une saisie de ces lieux par l'absence et le creux, en allant à la rencontre d'espaces souvent excentrés des centres urbains (notamment avec son projet intitulé Proche qui sera exposé à la 75e édition du Festival d'Avignon en juillet 2021). 2/ Un deuxième axe sera consacré au traitement historiographique de matériaux divers, en passant de documents iconographiques, à des récits écrits ou oraux, des documents administratifs ou encore les murs mêmes dans lesquels se sont retrouvés des détenus. Il s'agira d'interroger les enjeux politiques et culturels de la (re)constitution de mémoires et d'histoires sur les plans individuels et collectifs, notamment à travers le cas du Mémorial National de la prison de Montluc (Lyon). Afin d'ancrer la réflexion à partir de ce lieu-même, nous diffuserons un court extrait d'un entretien vidéo réalisé au Mémorial avec Aurélie Dessert, qui en est la directrice, et Adrien Allier, chargé du développement culturel et de la communication. Nous pourrons ainsi aborder les spécificités de ce lieu et son évolution dans le temps à partir de son ouverture en 2010. Mémorial dédié à la période d'Occupation allemande, les autres strates historiques sont progressivement abordées, notamment via la programmation culturelle et des projets partenariaux (notamment avec le Musée des Confluences). 3/ Un troisième volet permettra de thématiser les enjeux liés à la médiation publique des images de l'enfermement à partir de la constitution de l'exposition internationale et itinérante Prison à Genève et à Lyon. On retracera les questions qui se sont posées lors de la conception scénographique du parcours, lors de la définition d'un ton et d'un registre de discours qui soit approprié, à la fois juste, afin de sensibiliser les publics tout en cherchant le plus possible à ne pas les heurter, et propre à chaque musée, afin de respecter leurs missions et leurs identités respectives. En dialogue avec Sandra Sunier, cheffe de projet et publication au MICR (Genève), et Marianne Rigaud-Roy, chargée de projet d'exposition au Musée des Confluences, nous partagerons les réflexions qui ont jalonné la mise en commun d'un fond d'objets de détenu, l'acquisition de nouvelles pièces et la production de matériaux spécifiques pour cette exposition collective (notamment des installations artistiques). Natalie Candito, responsable du service évaluation et accueil au Musée des Confluences, nous partagera les questions liées à la méthodologie mise en oeuvre pour enquêter les formes de réception et d'appropriation du parcours d'exposition par les publics.
Session 2 — Ateliers d’analyse croisée d’enregistrements audiovisuels de visites guidées Atelier d’analyse croisée des données 1 Où est l’objet du discours de médiation au musée ? Heike Baldauf-Quilliatre et Isabel Colón de Carvajal, UMR 5191 ICAR Cet atelier vise à montrer l’intérêt d’une analyse linguistique des interactions qui se déploient aux cours de visites guidées, à un niveau de granularité fin, pour répondre à des questions liées aux questions plus générales posées dans le projet PrisM. Il s'agira ainsi de s'attarder aux paroles échangées entre les médiateurs et les visiteurs, aux gestes qu'ils réalisent pour désigner des objets présents autour d'eux en les rendant visible, intelligible selon leurs propres points de vue. Nous travaillons autour de la thématique de la référence qui se déclinera en deux parties : 1/ Un premier temps sera consacré à une analyse de la co-construction de la référence au Musée des Confluences et au Mémorial National de la prison de Montluc. 1 clip vidéo par musée sera joué : 2/ Un deuxième temps sera dédié à une analyse de l’évolution de la référence à un même objet au sein d’une seule visite. En 2-3 clips vidéo, nous verrons comment cette référence à un même objet est thématisée, mobilisée, mise en mots à différents moments de l’interaction au sein d'un même groupe.
Atelier d’analyse croisée des données 2 Enquête de sens. Karine Bécu-Robinault et Séverine Derolez, UMR 5191 ICAR, Laboratoire de L’Education À partir d’outils d’analyse utilisés sur un même matériau (des catégories définies de manière à pouvoir être opérationnalisées dans différentes disciplines), cet atelier vise à mettre en évidence comment se construit une signification collective, partagée, de ce qu’est la prison. Le croisement des regards entre chercheurs / étudiants de différentes disciplines et entre les professionnels des musées et de la médiation pourra conduire à préciser les catégories de lecture et d'interprétation des échanges au cours de visites guidées, à expliciter les hypothèses qui ont orienté la manière de les définir. Selon les disciplines d’inscription des participants, leurs métiers, l’analyse des extraits conduira par exemple à : De manière à rapidement engager l'analyse, on choisira de constituer des groupes disciplinaires si possible, avec la présence d’un ou plusieurs chercheurs. Un animateur sera présent dans chacun des groupes au moins pour diffuser les extraits à visualiser. Les groupes auront à leur disposition les extraits, les catégories à utiliser avec une définition permettant d’en comprendre le sens. Si une discussion peut s’engager sur la précision de la signification des catégories, cela ne doit pas constituer le travail principal à réaliser lors de l’atelier. Une transcription des interactions à visualiser et étudier sera fournie. |
Personnes connectées : 3 | Vie privée |